Si vous avez une cour, elle est probablement couverte en grande partie d’une graminée appelée pâturin du Kentucky (Poa pratensis) – ou communément appelé, gazon. Héritage de la noblesse britannique du Moyen-Âge, la pelouse fait maintenant partie de notre culture. On a appris à la porter dans notre esthétique sans se poser de questions et à l’associer à un signe d’aisance et de réussite. Symbole du rêve américain – merci aux golfeurs d’en avoir renforcé le prestige – le gazon et sa tonte peuvent devenir une source de pression sociale entre voisins. Certains voient l’entretien de la pelouse comme un devoir citoyen. Ils vont même jusqu’à travailler à la sueur de leur front les week-ends pour exterminer les pissenlits et garder leur gazon court. Ils ont l’impression d’avoir la nature sous contrôle, de bien gérer leur ménage. Toutefois, un tel entretien de la pelouse est loin d’être vert, malgré la couleur du gazon.
Pesticides, herbicides, fertilisants, monoculture, arrosage excessif, pollution (eh oui, votre tondeuse consomme de l’essence!), perte de biodiversité… le gazon nous a fait prendre bien des mauvais virages sur le plan environnemental.
Aujourd’hui, de plus en plus de québécois sont prêts à redéfinir leurs critères esthétiques. Délaisser le rêve du gazon vert, ça n’implique pas nécessairement de laisser votre cour se transformer en jungle, mais de laisser place à d’autres plantes telles que le trèfle, le thym et le pissenlit (je vous jure qu’il n’est pas méchant). Ces plantes couvre-sol garderont la terre plus en santé, vous feront sauver du temps et de l’argent, nécessiteront moins d’arrosage et de tonte, favoriseront la biodiversité et attireront les pollinisateurs. Vous et la nature allez y gagner!
Un autre truc : après avoir passé la tondeuse, laissez les rognures sur place. Eh oui, comme ça, vous évitez de devoir les ramasser, les transporter à l’écocentre et gaspiller un précieux samedi après-midi ensoleillé (parce que non, le gazon ça ne va pas dans le bac brun, ni dans le bac à déchets!). Laisser les rognures sur place est une pratique appelée herbicyclage, elle est même obligatoire dans certaines municipalités comme Amqui. L’herbicyclage permet de protéger votre pelouse de la sécheresse et des maladies, et vous fait gagner du temps pour aller prendre une crème molle. Essayez donc ça cet été!
Anastasiya Zhukova, Conseillère en gestion des matières résiduelles